GRDF est une machine à dividendes qui tombent en rafale sur ENGIE ! Et tant pis pour les investissements… Tout pour l’actionnaire !
Comme chaque année, l’assemblée générale des actionnaires s’est tenue en amont du conseil d’administration [13 avril 2021].
Le 2ème point de l’ordre du jour portait sur le versement de dividendes pour un montant d’environ de 252 M€.
Cela représente une augmentation de 160 % par rapport au montant proposé l’année dernière qui était finalement resté dans les caisses de GRDF. (Pour rappel, en avril 2020, l’administrateur CGT, soutenu par 2 de ses homologues, avait écrit au président du conseil d’administration et à l’ensemble des administrateurs en amont de la séance pour voter « contre » cette remontée de dividendes inacceptable et immorale en pleine crise sanitaire et un pays sous cloche).
Je me suis senti un peu seul quand j’ai de nouveau émis un vote « contre » la remontée de dividendes cette année. Le pays est, en effet, toujours plongé dans une crise sanitaire, économique, sociale. La sortie de crise n’étant envisagée qu’à l’horizon 2024, toutes les entreprises doivent, d’ici là, participer au plan de relance. (La remontée de dividendes a pourtant été adoptée à la majorité).
Le 4ème point de l’ODJ portait sur le versement ultime de la prime d’émission.
Il s’agit du remboursement des derniers 199 Millions d’€ sur les 6,5 milliards d’€ générés en 2008 pour créer GRDF, filiale de GDF SUEZ et actant la mort de GAZ DE FRANCE.
Bien que j’aie émis un vote « contre » ce versement de la prime d’émission à ENGIE, il a été adopté à la majorité.
Côté finances
Le résultat net 2020 a été dopé par la reprise de Provisions Pour Renouvellement (PPR qui servent à budgéter le renouvellement des ouvrages). Cela a eu pour effet de gonfler le résultat net de l’entreprise de 218 % par rapport à 2019.
Pour réaliser ce tour de passe-passe, la Direction de l’entreprise a décidé unilatéralement d’allonger à 100 ans la Durée de Vie Technique des branchements individuels et collectifs en PE et acier revêtu PE posés après 1980 (initialement et respectivement fixés à 50 et 60 ans avant cette décision). L’évolution de ces paramètres décidée par GRDF a permis à l’entreprise de reprendre au bilan des provisions qu’elle avait constituées depuis 1980 (en payant beaucoup plus d’impôts au passage, normal). Cette manœuvre financière contribue à maintenir à moyen terme la politique de distribution à l’actionnaire au même niveau que ces dernières années en compensant la fin de la prime d’émission. Cette année, ce sont environ 451 M€ qui sont remontés. Cela représente au bas mot 30% du dividende d’ENGIE alors que GRDF ne représente que 7,5% du groupe…
En revanche, quand il s’agit de redistribuer aux salariés les richesses qu’ils créent, la Direction de GRDF se montre beaucoup plus frileuse et mesurée :
redistribution 2021
Le plan emploi 2020/2024 subit les mêmes effets : à la baisse !
Sur ce point, GRDF prévoit une baisse de 643 emplois (environ 5.5 % des effectifs). Cette destruction d’emplois permettra à l’entreprise d’économiser plus de 40 M€ par an à partir de 2024. Quand on sait que ce plan emplois avait été présenté avant la RE2020 et ses dispositions négatives pour l’énergie gaz dans le neuf, la réalité risque d’être pire encore.
Deux poids, deux mesures ?
Pour les actionnaires, la règle d’or est la hausse des dividendes et les agents du service public de l’énergie n’en sont qu’une variable d’ajustement.
La Lettre de l’Administrateur