Les évènements dramatiques rue de Trévise à Paris nous renvoient inéluctablement à la maîtrise des filières industrielles énergétiques. Depuis de nombreuses années, la FNME CGT n’a eu de cesse d’interpeller le gouvernement, la DGEC et les employeurs du secteur industriel gazier sur les besoins d’investissements et sur les conséquences des réorganisations permanentes.
Jusqu’à l’explosion rue de Trévise point de réponses…
Quelles que soient les circonstances de ce drame, il est du devoir de la FNME CGT d’alerter une nouvelle fois sur les conséquences désastreuses pour le secteur gazier de la financiarisation du groupe ENGIE depuis sa privatisation et de ses conséquences sur la maintenance et l’organisation du travail.
L’année dernière nous annoncions que le niveau historiquement faible des stockages gaz au début de l’hiver allait avoir des conséquences sur l’alimentation en gaz et sur la détérioration des matériels. Un an après nous le mesurons directement…
4 stockages gaz de Storengy sont en exploitation réduite dont un à l’arrêt, vraisemblablement des suites de la situation de 2018 et de la baisse des investissements. Cette situation, dès ce début d’année 2019, interroge fortement sur les capacités des infrastructures gazières à passer l’hiver. Les moyens nécessaires pour la remise en état sont considérables et ne pourront pas être mis en œuvre durant l’hiver 2019.
En parallèle le réseau électrique est plus que tendu, comme l’ont démontré les délestages effectués par RTE du jeudi 10 janvier 2019 et ceci dans un hiver où les centrales thermiques au gaz tournent à plein régime…
Contrairement à ce que pourraient dire les employeurs du secteur, il ne s’agit pas d’une situation exceptionnelle, mais des conséquences directes de la privatisation et de la dérèglementation du secteur de l’énergie.
La filière gaz est constituée en France par des segments industriels cloisonnés (autrefois contenus dans une seule entreprise GDF) : Elengy (Points de livraison du gaz naturel par bateaux), Storengy (Stockage gaz souterrain), GRT Gaz (Transport Gaz par Gazoduc), GRDF (Gaz Réseau Distribution France) et ENGIE (Contrats d’approvisionnement de gaz naturel).
La stratégie du groupe ENGIE est de ponctionner à tous les échelons des dividendes ou d’autres stratagèmes financiers pour faire remonter un maximum d’argent à la maison mère. Les cas de Storengy ou de GRDF sont éloquents. Pour Storengy les dividendes sont trois fois supérieurs aux investissements et pour GRDF quasi équivalents. Si l’on rajoute les emprunts à taux toxiques internes au Groupe alors les remontées annuelles deviennent indécentes !
Pour la FNME CGT, il est grand temps qu’un véritable débat sur le bilan de vingt années de la dérèglementation du gaz et de l’électricité en France soit mené.
Les conséquences de la privatisation se font de plus en plus sentir, elles peuvent peser sur des vies humaines, l’économie et accroissent inexorablement les inégalités face à l’accès à l’énergie. Ce ne sont pas les dernières manipulations des chiffres sur la précarité énergétique qui vont résoudre la réponse aux besoins de la population.
Dans ce contexte, la FNME CGT revendique le retour à un véritable service public de l’énergie, permettant la maîtrise publique sur les investissements et l’organisation du travail, ainsi que l’arrêt de la financiarisation d’un secteur stratégique pour l’économie et la vie de la population.
Il est aussi urgent de baisser la TVA sur l’énergie de 20% à 5,5%, l’énergie étant une ressource de première nécessité !
La FNME CGT invitera les médias le 31 janvier 2019 à une conférence de presse spécifique sur les conséquences de la privatisation du gaz en France. Les modalités vous parviendront rapidement.
Interlocuteurs :
Frédéric BEN : 06 69 45 39 24
Jean-Pierre SARAILLON : 06 65 29 77 62